Tu constates que les deux tournures d’esprit que sont l’optimisme et le pessimisme semblent avoir été remplacées en toi, par quelque chose d’autre que pour l’instant tu ne sais pas identifier. Comme un sentiment unique fabriqué hâtivement à partir de l’un et de l’autre. Pourquoi envisages-tu que les deux puissent s’être mêlés hâtivement ? Y avait-il urgence à réunir ces contraires ? La vraie question est plutôt : Pourquoi cette urgence ? À moins que ce ne soit : Dois-tu considérer l’optimisme et le pessimisme comme des opposés ? Pourquoi pas des frères d’armes. Après tout, ils œuvrent pour le même camp. Évidemment, ils n’agissaient pas sur toi de la même façon. L’un nourrissait tes espoirs, l’autre affamait ta capacité (?) d’espérer. Non, il ne l’affamait pas. Pire, il te faisait entrevoir la famine. C’était ton « front russe » à toi. Pourquoi se sont-ils liés l’un à l’autre en un sentiment que tu ne déchiffres pas, et qui, quand il surgit, t’empêche d’écrire ? Est-ce un signe des temps ? Ou seulement de ton temps à toi ? Et pourquoi pas la fin d’un système qui, après tout, ne fonctionnait pas si bien que ça. Toujours oscillant entre croyances et angoisses. Non-être et mal-être. Possible que ce sentiment indescriptible soit justement un renforcement de ton être. Être qui aurait ainsi absorbé ces deux calamités nées de tes fictions de survie, pour créer un sentiment plus équilibré, plus adapté au réel, au présent, et non plus décentré, à la manière du pessimisme et l’optimisme, dont les sources circulent dans les cendres du passé et les sables mouvants de l’avenir, sans se fixer nulle part et pour cause.
Lorsque ce sentiment neuf affleure, tu ne peux pas écrire. Il te fait te sentir apaisée, c’est déstabilisant. Voilà comment tu abordes l’écriture : Tu te trouves sur le bord d’une falaise. Devant tes yeux, vagues fracassées et nuées d’oiseaux qui volent en tous sens. Un vent de terre te pousse dans le dos. Tu as le vertige, tu as peur de tomber sans l’avoir décidé. L’horizon est bouché par un brouillard épais. Le son monotone de la corne de brume et le rugissement de l’océan résonnent dans tes oreilles. Il te faut calmer la houle, assagir les oiseaux, dissiper le brouillard et bien sûr, faire un pas dans le vide. Écrivant, tu es tour à tour confiante (trop) et désespérée par l’ampleur de la tâche.
Alors oui, face à ce vide vertigineux, ta quiétude toute nouvelle t’inquiète, car elle te fait craindre un affaiblissement de ta maîtrise des éléments et de ta volonté de sauter.
Ça passera.
Est-ce que ce sera une bonne ou une mauvaise chose ? Par bonheur, tu ne sais plus répondre aux questions de la sorte. Y as-tu jamais répondu ?
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Et si ce n’était pas cette entièreté là justement le ventre de l’écriture?
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C’est une question à creuser, évidemment. Merci de nourrir ma réflexion.
Bon dimanche, Barbara.
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Et que dire du post-partum du livre achevé….
A vous aussi Gabrielle…
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Entre le pessimisme et l’optimisme s’installe parfois le doute, qui diffuse sa misérable rengaine : « abstiens-toi ». Alors naissent les idées neuves et les pensées soyeuses. Il ne faut désespérer de rien, que l’on écrive ou tout simplement que l’on vive…
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Le désespoir est un moteur précieux de la création, mais loin d’être le seul.
J’aime l’idée des pensées soyeuses.
Bonne soirée, cher Karouge.
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