Les bras chargées D’heures antiques Il porte un unique jour Tous les jours Il le porte vers sa destination Regardant avec mépris Le présent Que tu portes en peinant D’un jour à l’autre Le regardant comme un rival Auquel il va t’arracher
Avant de prendre le large – Et chacun sait Que cela ne se peut pas – Ils s’arrachent racines Feuillages Ne gardent que tronc branches Cœur gravé sur l’écorce Ou maison ou visage Eliminent toute trace de Terre En faisant de grands mouvements tristes Chaque poussière caillou regrettés Les lettres de leurs noms démembrés Ondulant dans l’océan Finissent dans la gueule des poissons Qui se mettent à prier Dans des langues étranges Pour ne pas être pris Mais ils sont pris Et jetés sur la Terre Et décapités Et éventrés Finissent dans la gueule Des hommes/dieux Qui jouent avec leurs yeux cuits Comme avec des perles Et recrachent arêtes et lettres Pour ne rien garder En travers de la gorge Et parce qu’ils se plaisent À être muets