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La sangtième

Les bras chargées
D’heures antiques
Il porte un unique jour
Tous les jours
Il le porte vers sa destination
Regardant avec mépris
Le présent
Que tu portes en peinant
D’un jour à l’autre
Le regardant comme un rival
Auquel il va t’arracher


Aux femmes assassinées

Denaturare

Si on ne s’attriste pas
À la vue d’une créature
Quelle qu’elle soit
Dont la vie a été ôtée

Ce que ça dit de nous

La vie aussi
Nous a été enlevée

Déforestation

Avant de prendre le large
– Et chacun sait
Que cela ne se peut pas –
Ils s’arrachent racines
Feuillages
Ne gardent que tronc branches
Cœur gravé sur l’écorce
Ou maison ou visage
Eliminent toute trace de Terre
En faisant de grands mouvements tristes
Chaque poussière caillou regrettés
Les lettres de leurs noms démembrés
Ondulant dans l’océan
Finissent dans la gueule des poissons
Qui se mettent à prier
Dans des langues étranges
Pour ne pas être pris
Mais ils sont pris
Et jetés sur la Terre
Et décapités
Et éventrés
Finissent dans la gueule
Des hommes/dieux
Qui jouent avec leurs yeux cuits
Comme avec des perles
Et recrachent arêtes et lettres
Pour ne rien garder
En travers de la gorge
Et parce qu’ils se plaisent
À être muets

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