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Demeure !

Il y a ce cri
Qui n’est pas un son
Une vibration qui tord mon âme
Nuit et jour
Une pulsation captive
De mon corps devenu
De sa chair sans ajour de ses os métalliques
Expression d’une existence mal tournée
Surgissant de mon corps véritable
Cependant qu’il frappe gratte creuse
Suffoque sous la fumée âpre des heures consumées
Bâties dès leur naissance selon des plans de ruines

Dolus

À la fin 
Ce que j’ai vécu distraitement
Ce que j’ai négligé
Apparaîtra si vif et flamboyant à mon esprit
Que je songerai à tort
Un jour clément se lève
Et j’ai beaucoup à faire
À voir et à chérir

Omettre le cosmos

En hiver 
L’arbre mort
Semble vivant
Parmi
Les arbres vifs
Qui semblent morts

En avril
Je songe :
L’hiver s’est épris
De cet arbre-là
Et ne peut le quitter

Jardin

Pour t’aimer sans faillir
Il me faut te haïr quelquefois
Tenir dans ma main
Le fruit de cette haine jusqu’à
Entrevoir dans ses courbes
Sa nostalgie de la nouaison
Ou la trace douloureuse
D’un bonheur abimé
Et enfin savoir
L’écarter du jardin

Une défaite

Il n’y a pas un paysage 
Qui ne tente de m’attendrir
Pas un que je ne déleste
De quelques pierres ramassées
À la va-vite
Ou que je quitte sans regrets
Toujours
Il faut que je me retourne sur lui
Une dernière fois
Cependant
Je dois admettre que rarement
Je les regarde pour eux-mêmes
Piteusement dans leur théâtre
C’est à moi que je songe
Il n’y a pas un paysage
Qui ne jette à la figure de mes rêves
Ses blessures purulentes
Le compte de ses pertes
Et ne remonte à sa surface
Mes enfouissements
Pas un seul qui ne m’accueille
Sans inquiétude

Gémellité

La mort est là
Elle ne vient pas vers moi
Je ne vais pas vers elle
Elle est là
Et ce n’est pas grave
Ce n’est pas triste
De savoir ça
De la côtoyer
Si je m’en effrayais
Elle ne m’enseignerait rien
J‘existerais à moitié

Gaillarde (Fantaisie)

Cette minute 
Par crainte que je l’oublie
Dérobe à la hâte
Le temps à sa portée
Sans se soucier qu’il soit
De la veille de jadis
Ni même du lendemain
Cette minute où je te vois
Pour la première fois
Étale son larcin
Sous le ciel nocturne
Puis avec une candeur
Mâtinée de fierté
Me l’offre en présent

Panorama hostile

Devant nous il y avait l’océan
Mais d’abord le muret
L’escalier à double volée
Une bonne longueur de plage
Toutes sortes de balles
Comme des planètes chaudes
Qu’on se refilait entre soi
La barrière de coquillages
– Elle en occupait plus d’un –
Et enfin l’océan
Au large
Cette pluie qui tombait
Bêtement dans la mer
Un seul nuage
Il se dévidait là
Par facilité
Ou bien parce que
C’était plaisant à regarder
C’est vrai que ça l’était
Comme un rideau
Habillant la fenêtre
D’une grande pièce vide
Ça rendait l’immensité intime
Ça nous mettait tous à l’abri
Si mes lèvres avaient pu remuer
C’est ce que je t’aurais dit
Mais non
Et puis tu avais l’air ailleurs
Tu n’aurais pas entendu
Des larmes se sont mises à couler
Bêtement sur mon visage
Comme un rideau
Qui s’écartait
Ça rendait l’intime
Immense
C’était un peu effrayant
Plus tard tu me dirais
Les paysages que j’admire
Sont souvent hostiles

Narcisse regretté

Si personne
Ne va plus se pencher
Au-dessus de l’eau
Afin de saisir son reflet
– Et qui veut ça
Se voir inhabituel
Mêlé au bois mort
À la boue
Qui désire être ébloui
Par un rayon réfléchi
Passagèrement exclu
Du mouvement
Perpétuel –
Ecrire ne sert à rien

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