une ombre faussement douce La défait de Son Poids La laisse comme Nue comme Mouillée au centre d’une eau sèche dans laquelle Elle S’Ébat en mouvements incessants de bras et de jambes sans Avancer jamais sans Se Noyer non plus Parée en toute fin c’est-à-dire au réveil de bijoux méphitiques colliers de goémon noir bracelets de viscères et chapelet d’yeux cuits qui les uns et les autres font odeur des siècles
Chant VII

Elle avant de S’Endormir Écrit sur sable de l’estran des pensées effaçables par la seule nature empreintes de pattes et mots forment phrases indivines comme plaies indolores ouvertes par Son Esprit que comblera bientôt la salive nacrée des vagues déferlantes d’une marée remontante Elle Écrit ici vient comme vient le souvenir de quelqu’une que j’ai vu morte ici paraît d’abord en Moi palpe Ma Peau de l’intérieur donne des coups légers puis des coups plus forts puis des coups qui Me blessent jusqu’à percer un jour ici l’emprunte pour disparaître en lui-même dans sable que Je Piétine dans océan qui se retire et demeure là à la limite du proche et du lointain et de la Portée de Ma Vue et de la vue de quelques unes se montrant ici seulement dans le presque obscur chasseuses d’oiseaux marins toute parées de leurs plumages de leurs os repues de leurs chairs portant à la ceinture squelette d’une tête aviaire avec maxillaire supérieur aiguisé pour faire arme elles égorgent d’autres oiseaux en poussant des cris d’affreuse douleur en gardant leurs yeux clos jusqu’à l’heure du bain d’absolution de la marée forte duquel elles émergent affamées plus encore ©Encre sur papier de Corinne Freygefond. Sans titre #7, 2021.
Chant VI

Elle Devenue par disparition dans songes ne Se Voit pas ne Se Trouve pas dans songes Assouvit colères malgré Elle comme vent qui plie sans le vouloir toute matière croisée tout autre élément que lui qui d'ailleurs ne se sait pas vent qui d'ailleurs ne sait rien de vrai pas plus que de faux Elle Devenue par disparition matière redressée toute entière par sa propre absence par le poids de l'air déplacé par sévices affa-bu-la-tions violences spoliations Elle Ensevelie de Son Vivant tout au fond de Sa Chair dans songes Refuse de Se Voir Refuse de Se Trouver Elle Venue par disparition Dirige du dedans Ses Yeux vers le dehors Dirige du dedans Son Sexe vers le dehors Sa Voix Ses Muscles Ses Organes Son Squelette Sa Pensée Sa Raison Sa Folie Son Territoire Cir-cu-laire ©Encre sur papier de Corinne Freygefond. Sans titre #6, 2020.
Chant V

Le temps là laissé par tous qui s'en défont comme mot déprécié toujours au même lieu vient Lui tourner autour cherche lèvres cherche langue gorge cordes arbre bronchique cherche souffle son instruments de la voix cherche à former syllabes si empressé de dire de médire de maudire ha ! de prédire le temps là finalement perdu va vient vacille fouraille dans la terre cherche raison cherche commencement fouraille dans les chairs cherche alliés cherche ennemis mais qui sont les uns mais qui sont les autres Le temps là quand il La regarde jour après jour après jour après jour toujours frissonne Elle quand Elle le Regarde Ne Sait pas ce qu'Elle Voit ©Encre sur papier de Corinne Freygefond. Sans titre #5, 2020.
La pomme de Sappho
Je Voudrais que vérité du monde fasse poésie Je Voudrais que Ma Langue de poésie fasse poèmes Je Voudrais que Ma main n'ait qu'à les ramasser pour Toi Haute sur la plus haute Je Voudrais mentir Je Voudrais de beauté poétique faire beauté humaine seulement Elle Dit quand le fruit est si haut qu'ils ne peuvent l'atteindre abattons l'arbre ils crient après qu'ils l'ont fait il ne s'en trouve aucun pour cueillir le fruit
Chant IV
Elle Dit là dans ce monde abaissé à un rang inférieur et bâti comme salle des pas perdus où derrière toute issue qu'Elles Envient foutrement ne logent qu'âmes mortes et corps putréfiés d'Elles brisées par leur patience tout autant que par leur impatience là dans ce monde bas quelqu'une M'étant Semblable Me restait étrangère pour des siècles et des siècles Elle tapie en Elle Moi tapie en Moi-même Toutes Deux gémissant en Nos Lieux Invisibles comme chiennes affamées et gardées à la chaîne jusqu'à l'heure des battues ©Encre sur papier de Corinne Freygefond. Sans titre #4, 2020.
Chant III
Elle Dit mouvement rotatoire impérissable langage fait tourbe eau de mer collines canyons dérivations cosmiques torsions circulation des corps dé-pla-ce-ments langage fait guet-apens aller c'est se rendre il dit langage fait fossiles guerre guerriers ininterrompus et prières prières prières langage fait Terre Elle Dit aller ce n'est pas se rendre Elle Poétesse à grande gueule cynocéphale Dit oui Poésie du Renversement et in-verse-ment Elle Dit le trajet de Ma Course est tracé de Mon Être ainsi soit-il ©Encre sur papier de Corinne Freygefond. Sans titre #3, 2020.
Chant II
vite Elle Cherche l'autre qui en tout bord de falaise va se balancer d'avant en arrière au rythme lent d'un chant de cœur niché entre ses jambes Elle Court vite vers Elle avant la vague nocturne qui amène mélancolie et mort sans être vue sans être entendue celle-là d'ombre plus noire que nuit s'élève bien au dessus de la falaise après tombe en déluge de toute sa hauteur lui si dru si continu qu'il te noie sur la terre vite comme antilope et tenant un jour volé entre ses crocs serrés qu'Elle Meurtrit malgré Elle vite Elle Court vers les terminaisons terrestres les terminaisons celestres vers le point culminant de toutes fins écrites pour faire début et fin vite Elle Enterre le jour que Sa Gueule a percé et Vole un autre jour qu'elle Tient moins serré mais Elle Aime le sang ça Lui Revient et Ses Crocs la contentent et le Chant de son Cœur niché entre ses Jambes rythme son Contentement d'Être Baignée d'ivresse vite Elle Court vers l'autre Tenant dans sa Gueule Sa Proie exsangue légère qu'Elle Arrivée Jette du haut de la falaise dans un mouvement de tête dédaigneux devant Elle démuselée vite les frictions de Leurs côtes et de Leurs Ventres font sable du granit les os de Leurs Hanches et de Leurs Cuisses Encastrées broient les préfixes de réitération Leurs Lèvres et Leurs Langues Bâillonnent les instruments de la parole lèvres et langue Leurs Membres Noués entre Eux Écrasent les huit points cardinaux sis du haut en bas d'Elles en Leur Dedans et Leur Dehors après repartir ne Leur est plus possible aller rien ne l'empêche ©Encre sur papier de Corinne Freygefond, Sans titre #2, 2020.
Chant I
Elle Court vite selon ses propres Dires vraiment vite routes pistes déboulées avenues artères déboulées Elle Dit il y a toujours quelqu'un pourtant jamais personne Elle Se Désigne tantôt comme vassale sanguine amazone dolente tantôt autrement eux (les croisés) visages ravis à l'authentique noir du tombeau fichés sur enseignes et riant aux éclats devant soleil couchant Elle Dit ça n'existe pas le soleil couchant eux (d'autres qu'Elle croise) ravisseurs implorant la haine la vraie la grande la fortunée debout sur des half-tracks renversés eux (d'autres encore) bouches béantes posées sur bouches fermées Elle Voit tout comme noir sur blanc comme nuit sur jour mais Il n'y a pas plus cons que les yeux Elle Dit Elle Écrit électricité centrale du Ventre concentration d'Atomes énucléés Fente comme cicatrice nombril comme cicatrice cicatrices comme fenêtres et portes Condamnées Elle Court vite selon ses propres Dires vraiment vite Elle Écrit vite comme lumière antilope jet de foutre ambisexe vite comme vite vite vite ©Encre sur papier de Corinne Freygefond. Sans titre, 2020.
La mangeuse de ville
Il y a quelque part elle dit si le soleil ne l'a pas séchée si l'averse ne l'a pas lavée un peu de ma salive à cet endroit où mais je ne sais plus où j'ai ouvert la bouche pour dire et rien n'en est sorti Il y a là-bas elle dit si le chien ne l'a pas léché si la terre ne l'a pas avalé un peu de mon sang mêlé à ma salive à cet endroit où mais je ne sais plus où j'ai ouvert la bouche pour dire et d'abord rien n'en est sorti et puis des pierres en sont sorties qui ont blessé mon larynx et ma langue et mes lèvres Il y a quelque part elle dit un endroit où mais je ne sais plus où j'ai ouvert la bouche pour dire