Ce que tu écris en marchant, c’est ce que tu écris de mieux. Ce que tu écris dans l’air et qui se perd derrière toi. Pensées ordonnées. Images splendides. Rentrant, tu t’assois, tu écris ce dont tu te souviens. Ça ne vient pas pareil. Tu poses le peu qu’il te reste, comme on vide ses poches des cailloux, des coquillages et des écorces ramassés. Dans le fond de ta poche, de la terre ou du sable. Des grains qu’on fait rouler sous ses doigts. Le peu qu’il te reste. C’est cela l’écriture. Le peu qu’il te reste. De l’immense discours. C’est cela qui s’écrit. Ce que tu as cru tenir, ce que tu as cru posséder, dans ce transport. Ça ne t’est pas destiné. Pas dans son entièreté. Pas si sûrement. Quand tu marches, tu perces la peau, l’os du monde. Quand tu écris, tu cherches le souvenir d’un corps aimé absent.