©Raquel Forner
s’il y a dieu
comprend-il
trouve-t-il explication
s’il y a dieu
il n’y a plus d’obligation de légendes
on peut dire
le malheur nourrit
ceux-là qui tuent pour faire de l’or
on peut dire
la pierre philosophale ha !
Simplement de la chair de l’os et du sang
on peut dire
le courage
c’est pour les pauvres
ceux-là marqués dès la naissance
d’une tare de vétéran
on peut dire
rien ne nous sauvera de nous-même
s’il y a dieu
il sait cela
il s’en désole
mais que peut-il
quand les langues lichent l’encre
encore humide de l’écriture
avant qu’elle atteigne les nervures
de volte-face
s’il y a dieu
devinons sa prière
parce qu’il n’est pas resté
parce qu’il ne le pouvait pas
ou ne le devait pas
nous sommes seuls
s’il y a dieu
il ne s’en désole pas
il se désole
que nous n’ayons pas appris
ce que ça signifie
s’il y a dieu
il nous a donné du temps pour ça
peut-être son propre temps
peut-être tout son temps
©Toile de Raquel Forner, El Drama, 1939-1946. Collection Museo Nacional de Bellas Artes de Buenos Aires.