©Tomaso Binga
tu ne peux rien écrire
à cause de tes mains qui refusent de se faire complices
de ta détresse
elles restent suspendues dans l'air
en défense
prête à te gifler
elles disent ne plus vouloir t’appartenir
elles disent que ça suffit
tous ces mots écrits
qu’ont-ils fait pour elles
elles disent à quoi ça peut bien servir
est-ce que ça te sert à toi
tous ces mots ont-ils jamais poussé les murs
tu ne peux rien écrire
tu te souviens de ce poème de jeunesse
L'ivresse du renoncement
ta main gauche écrit :
mauvais mauvais poème
tu ne te souviens plus de ta jeunesse
ta main droite serre le poing
comme à chaque fois que tu mens
c’est la main qui souffre le plus
celle qui en a le plus marre
prête à partir
qui sans panique
s’imagine posée sur le satin
tous ces mots écrits
qu’ont-ils fait pour toi
t’ont-ils sauvé
avais-tu besoin de l’être
naître n’était-ce pas déjà un sauvetage
ta main gauche écrit :
une séparation d’avec l’éternité
ton poing droit se serre
il n'aime pas la grandiloquence
mais il sait que tu ne mens pas
tous ces mots écrits
une simple tentative d’être
de travestir la transparence
tous ces mots
rien d'autre que le prolongement de tes gribouillis d’enfant
tu te revois déchirer en criant la feuille avec la pointe de ton crayon
parce que nulle part le soleil ne semblait à sa place
tu ne peux rien écrire
à cause de ta détresse
d’avoir dessiné tant de soleils ratés
et de ta crainte
de les avoir tous épuisés
la lumière te manque
elle semble s’être éteinte
et qu’est-ce que cette nuit
si ce n’est une page entièrement recouverte de noir
Illustration du texte ©Tomaso Binga, Mani per una parabola 1973, polystyrène, collage et plexiglas, ©Tomaso Binga et Galleria Tiziana Di Caro.
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Fortement inspiré…
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