(scansion rapide comme suffoquée) les bras étreignent le corps féminin où ils sont rattachés puis s'écartent et tout le corps féminin s'étire comme pour s'élancer comme s'il n'était plus retenu sur le sol par l'attraction terrestre par aucune autre attraction comme si les amours mortes mouraient à ses pieds pour de vrai cette fois et qu'il ne fallait pas rester là amours belles encombrantes avec des pupilles blanches un cœur gris sauf une encore irriguée faufilée dans un sillon du visage du corps féminin trace infime d'amour celle-là qui va creuser jusqu'à l'os jusqu'à la moelle pour retourner d'où elle vient pas un lieu un jour ainsi nommé PREMIER JOUR sur son calendrier de folie pas un jour en vérité un corps plutôt le sien ainsi nommé DESOLATION dans son carnet de projets suicidaires
le corps féminin se tend jambes écartées bras écartés tête renversée d'un côté de l'autre organes gonflés par un sang bu à sa source les bras étreignent le corps féminin où ils sont rattachés oui mais la main au bout du bras le gifle aussi le cogne le caresse quelquefois la main la droite ou la gauche empêche le corps féminin de respirer une seconde ou deux ou trois pour l'habituer doucement à la suffocation
quelquefois les jambes refusent d'aller plus loin le corps féminin où elles sont rattachées tombe sur les genoux à l'endroit où il se trouve et ça peut être douloureux
une fois les yeux du corps féminin se sont mis à scruter le ciel pendant vingt-quatre longues heures pour voir la terre tourner sur elle-même ils n'ont pas cillé une seule fois simplement ils larmoyaient à cause des poussières qui se déposaient sur leurs cornées et à cause de rien d'autre le corps féminin a fini par sentir le mouvement rotatoire il s'est mis à tourner sur lui-même dans le sens inverse des aiguilles d'une montre puis les jambes du corps féminin ont entamé le deuxième mouvement celui de la révolution l'esprit du corps féminin a songé qu'absolument tous les corps sont concrétions de résidus cosmiques lointains et aussi que mouvements opposés entraînent révolution la bouche n'a pas transmis ces pensées à voix haute comme une bouche est sensée le faire le corps féminin n'avait pas encore de bouche le corps féminin n'avait pas encore de corps
©Encre sur papier de Corinne Freygefond. Sans titre #13 , 2020.
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Magnifique. Merci pour ce poème superbe.
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Merci à vous de vous attarder ici.
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la bouche
la voix haute
et
la réverbération cosmique…
merci, Gabrielle
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la vie, quoi !
Belle journée, à peine commencée par chez vous.
Je vous envoie mes amitiés
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La vie défaite des fêtes superficielles
comme pour une victoire sur le manège
A cheval du boire
J’aime la vigueur du refus de renoncer
Gabrielle
Merci …
Alain
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Je pense que vous la possédez également, cette vigueur du refus.
Merci pour ce poème, Alain.
Portez vous bien
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Oui comme faire fondre la mauvaise image du miroir de l’Oiseleur scotché à l’alouette
La branche forte racine de loin
Merci
Porte-toi sous son écorce, Gabrielle…
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Vos mots m’en chantent.
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Les corps chez Compostelle
art mur hall
sans dégradé par la façade
en chantent, oui Gabrielle…
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