
Quand Wyatt MacLeen a jeté l’arme dans l’East River, il se croyait seul. N’a pas entendu la femme avec son chien passer derrière lui. Elle n’a pas vu ce qu’il a lancé dans l’eau. Mais Wyatt est persuadé que si, à cause de ses joues mal rasées, de ses cheveux gras et du col de son trench relevé qui lui donnent l’air d’un criminel.
Mary Cappecci ne possède pas de chien à elle. Celui qu’elle promène, un chien chrysanthème, appartient à un avocat d’affaires qui atteint la 42e rue ouest au moment où l’arme de Wyatt touche l’eau. L’avocat étouffe, mais ce n’est pas à cause de la chaleur. Aussi, il ne dénoue pas sa cravate, ne relève pas ses manches. Rien ne pourra l’empêcher de suffoquer, il le sait bien.
Le chien regarde Wyatt. Il veut aboyer mais quelque chose l’en empêche. L’énorme nœud rouge qui sépare en deux la touffe de sa tête. L’aboiement n’est plus guère adapté à sa condition. Mais quelle est sa condition ? L’animal l’ignore. Il sait seulement qu’il n’est plus tout à fait un chien. Alors, quoi ? Il émet deux ou trois grognements timides et adopte machinalement une attitude apprise au chenil.
L’arme atteint le fond de l’eau quand l’avocat passe devant la boutique d’un antiquaire. Sa main fermée depuis longtemps sur la poignée de son cartable est engourdie. Il s’arrête pour observer un lion en bronze. Bronze ou plâtre ? Il est déjà passé par là et s’est déjà posé la question. La réponse varie, selon son humeur. Il suffirait qu’il le touche pour savoir. Il ne l’a jamais fait. Peur d’être déçu. Mais peut-être qu’aujourd’hui, il va le faire.
Wyatt est soulagé. La surface de l’eau ne garde aucune trace de l’impact avec l’arme. Pas comme les os de son crâne s’il s’était tiré une balle. Il ne l’a pas fait. La vie peut reprendre son cours. Tant pis. Tant mieux ? Mary s’est assise sur un banc et l’observe. Le chien somnole à ses pieds. Le chien chrysanthème. Les hommes et les femmes chrysanthème. Elle ne se demande pas ce que l’homme a jeté dans l’eau, elle se demande pourquoi. Et pourquoi il reste là à scruter le fleuve. On dirait qu’il regrette son geste. L’idée d’une arme lui vient alors à l’esprit. Elle n’est pas troublée par cette pensée. Wyatt se détourne de ses tourments et vient s’asseoir près d’elle. Elle lui sourit. Ne se sent pas en danger. Il lui demande comment s’appelle le toutou. Elle n’en sait rien. C’est un chien. Le chien lui sait gré de sa réponse.
Dans le centre, l’avocat sent sous sa paume la matière dont le lion est fait. Il tente de l’ignorer, mais c’est trop tard.
Est-ce le boxeur? La simultanéité des deux actions me fait craindre le pire quant au sort de la femme et du chien chrysanthème, c’est très habile et l’atmosphère est assez angoissante. J’ai beaucoup aimé ce récit (bien trop court!)
Prenez soin de vous Gabrielle.
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Je vous rassure, ça n’est pas le boxeur. Mais après tout, qui sait ? Les histoires peuvent tout à fait s’intriquer les unes aux autres. Et certains personnages peuvent en inspirer d’autres ou bien être vus dans d’autres circonstances que l’histoire dans laquelle ils évoluent habituellement. Mon esprit est plein de routes qui se rejoignent parfois sans que je m’en rende compte !
Protégez vous bien également.
Je vous envoie toute mon amitié. (je ne sais pas si Almanito est le nom de votre site ou le votre, ou bien un pseudo. Du coup , je n’ose jamais vous appeler ainsi.)
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C’est un pseudo fantaisiste constitué des noms de mes compagnons à 4 pattes, vous pouvez l’utiliser sans problème, certains l’ont raccourci en « alma » …je ne m’y attendais pas, ça me fait rire mais tout me convient.
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C’est une très belle idée. Je vous appelerai ainsi. Mais Alma est également un très joli prénom qui me fait penser à Alma Malher.
Belle soirée a vous, Almanito.
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Tous les ingrédients pour concocter un bon polar…
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C’est vrai. Mais dans suspens, j’entends suspendu, alors je laisse les choses ainsi, suspendues
Prenez bien soin de vous, Jean-Pierre.
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Vous avez sans doute raison quant au suspens.
Ce qui est suspendu garde une tension et une attention particulière.
Prenez également soin de vous,
Bonne journée
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🌻😃
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Merci de votre visite par ici.
Faites attention à vous.
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Bonjour Gabrielle j’aime bien te lire en silence. Oui je suis à la maison mais c’est vraiment une situation incroyable 🙏
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C’est vrai que nous sommes tous effrayés par ce qui arrive. Et que nous essayons de nous évader par tous les moyens possibles. L’écriture et la lecture sont des fenêtres sur l’extérieur et sur l’autre, qui finit par nous manquer.
Encore une fois, prends bien soin de toi.
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D’acord merci bien
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