Chant d’armes

Arrêtons de nous battre
Soyons douces et dociles

Pour nos corps déportés
Prônons plutôt l'adieu
Et non pas le retour
Arrêtons de vouloir
Arrêtons de penser
Cousons des genouillères
Aux jambes de nos filles
De nos jeunes garçons
Et à nos propres jambes
Arrêtons d'espérer
Rampons comme la larve
Qui commet notre viol
Rampons sur cette terre
Où l'arbre seul est droit

Arrêtons de nous battre
Soyons douces et dociles

Ne pleurons pas nos corps
Disparus vivants
Continuons d'être mortes
Continuons de sourire
De peindre nos frayeurs
Avec des couleurs vives
Cachons notre sang
Nos rides
Notre graisse
Laissons à portée
Nos seins
Et notre fente

Arrêtons d'espérer
Qu'un jour nous serons
Aimons ce qu'on nous sert
Et ne rechignons pas
Ah mais vidons la table
De nos restes écœurants

Chaussons les aiguilles
Qui freinent notre course
Et empêchent la fuite

N'ayons jamais de mains
Mais toujours des menottes

Arrêtons de nous battre
Soyons douces et dociles

Enfantons de la chair
À pénis de larves
Sans songer nous en plaindre
À l'homme qui n'est pas larve
Car il la craint aussi
Peut-être plus que nous

Veillons à ne pas prendre
le nom du père
Et du fils
Et de la sainte mère
Comme nom de putain

Gardons-nous d'être aimées
Par un homme ou une femme
D'un véritable amour

Soyons comme on nous fait
Soyons comme on nous veut

Perpétuons l'affreux sort
De nos sœurs qui ont souffert
Sans avoir vécu

18 commentaires sur “Chant d’armes

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  1. Votre texte me laisse un peu perplexe, je ne sais comment l’aborder, est-ce une parodie, est-ce du premier degré, est-ce négatif ou positif ? Quoi qu’il en soit, il interpelle et c’est peut-être là qu’il faut le trouver… et le contempler…

    Aimé par 1 personne

    1. Oui, le but de ce texte est bien d’interpeller. Il faut, en quelque sorte, lire ce qui n’est pas écrit, ou le contraire de ce qui est écrit. Je pense qu’il faut dire nos colères sans fioritures et dénoncer sans gants. Et oui, il s’agit bien d’une réaction littéraire à ce honteux césar, qui en dit beaucoup sur le mode de fonctionnement de notre société.

      Aimé par 2 personnes

    1. Ce qui c’est passé vendredi soir au Césars est une leçon que l’on a voulu donner aux femmes qui prônent le changement, aux femmes qui dénoncent, qui refusent d’être des objets. C’est à la fois terrifiant et cependant porteur d’espoir, car les mécanismes patriacaux montrent désormais un visage affaibli, avec ces combattants d’arrière-garde pathétiques qui tentent le tout pour le tout, sans panache.
      Merci Barbara pour cet article. Je ne doute pas que l’indignation est grande et partagée par des hommes et des femmes qui en ont assez de ces hommes imbus d’eux-mêmes qui font la pluie et le beau temps pour leur seule satisfaction. Les protagonistes des Césars nous ont joué une mauvaise pièce, et aujourd’hui ils le savent et ne peuvent l’effacer.

      Aimé par 1 personne

      1. Je crois Gabrielle que beaucoup de choses s’ébranlent depuis un moment et que nous n’assistons plus qu’à des parodies de pouvoirs (Y compris politiques…)..Aussi je suis sereine de ce qui est en train de gagner le sang et les têtes un peu partout…

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    1. Je crois qu’il s’agit pour ces hommes lã d’une question de pouvoir. Seuls les êtres libres et courageux, qu’ils soient hommes ou femmes, ne craignent pas de se confronter au jeu de la séduction. Les dogmes et les drapeaux créent des échelles de valeur artificielles et de la colère.
      Je vous souhaite une belle semaine, Jean Daniel.

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