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The wolves

Un jour gris aurait mieux convenu. Un enterrement dans le quartier. Les costumes noirs sortis des placards. Mal dépoussiérés à cause de l’obscurité. C’est l’été. Fenêtres closes et stores baissés. Mais il entre quand même. En même temps que le bruit. Les sirènes souvent. Pompiers, flics, ambulances. C’est l’été. On ne veut pas le savoir. Mais il entre quand même. Les femmes à moitié nues. Se frôlent et se sourient par dessus le malheur. Dans les pièces sombres. Pompiers, flics, ambulances.
Il faut qu’un jour ça s’arrête. La vieille secoue la tête. Il faut qu’un jour ça s’arrête. Elle se rappelle de quelque chose. Une fois, dans une ambulance, on lui a raconté une histoire. Un jour gris aurait mieux convenu, lui avait dit le secouriste. Pour de telles histoires ce n’est pas le jour. Une fusillade dans le quartier. Des gosses armés tirent dans le tas des balles argentées. Pour devenir des hommes. Regs, le plus jeune, tire en l’air pour changer. À ses pieds tombe un dollar en or percé. Il le glisse dans sa poche. Sur le trottoir deux gamins agonisent. Bill Obson et Jack Kerouac.
Le cœur de la vieille s’était affolé en entendant ce dernier nom. Le secouriste l’avait rassuré. Personne n’est unique, croyez-en mon expérience. J’ai eu à faire à plusieurs Jack Kerouac. Bref, le gamin rentre chez lui. Sa mère affalée sur le canapé. Complètement défoncée. Il lui met sous le nez le dollar en or tombé des mains de Dieu. C’est ce qu’il lui dit : … tombé des mains de Dieu. La femme ne bouge pas. Regs la secoue. Une fois, deux fois, dix fois. La pièce trouée glisse de ses doigts. Roule entre les lattes du parquet. Se perd à jamais dans ce taudis de la Cuisine de l’Enfer. Regs se blottit contre sa mère et s’endort. Plus tard, pompiers, flics, ambulances. Fin de l’histoire. La vieille pense aux gamins morts sur le trottoir. Bill Obson et Jack Kerouac. Bill et Jack. Il faut qu’un jour ça s’arrête. Elle secoue la tête. Il faut qu’un jour ça s’arrête.
Un jour gris aurait mieux convenu. On descend dans la rue à la nuit tombée. Le silence des hommes sifflent au-dessus des têtes comme des lames volantes. On fume des cigarettes blondes en gardant les yeux fixés au sol. Le vent frais s’enroule sur les épaules et les nuques. Personne ne s’en réjouit. Les têtes d’enterrement n’ont pas cette faculté. Dans les pièces chaudes, les femmes ouvrent les fenêtres. La nuit pénètre en catastrophe.

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