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Lunch Poem *10

Ne rien faire, penser comme en hiver. 
Dans le parc regarder le manège clos tourner.
Ne rien faire. Ne pas s’en faire.
Se souvenir de quelque chose.
Un objet.
Le tenir dans la main.
Le serrer.
Une pierre.
Ramassée dans l’allée.
Une pierre tenue toute une journée.
Le manège tourne.
S’attarder.
Des enfants sur des chevaux vivants.
Ce qui compte c’est ce qu’ils pensent.
Des chevaux vivants,
Une prairie,
Une ville bâtie près de mines aurifères.
Antiques sépultures indiennes.
Des enfants portant l’étoile du shérif
En place de leur blason scolaire.
Ne rien faire, poursuivre.
Retourner dans le tunnel.
Dépasser l’assassin.
Une jambe repliée contre la paroi,
Il tient un livre de prière.
La part de Dieu, dit-il quand je le croise.
Il le répète après que je me suis éloignée
La part des hommes, dit-il quand je rebrousse chemin.
Ne pas s’en faire. Penser comme en hiver.
La lumière fait un arc de cercle
À la sortie de la galerie.
Le manège.
La pierre dans ma main.
Les enfants délaissent leur monture.
Se débarrassent de la poussière de la prairie.
Voler leurs regards.
Traverser,
Contempler leur monde parfait.
Ne pas s’en faire.
Penser comme en hiver.
Fermer les yeux.
Dans le tunnel un bruit de pages déchirées.
L’assassin assassine.
Une pierre.
Tenue toute une journée dans le creux de la main.
Le bord tranchant serré.
Par erreur.
Serrer le bord tranchant des prières par erreur.

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